La reine-des-prés est une grande plante vivace de plus de 1 m de hauteur, qui forme de belles colonies dans les lieux humides de toutes nos régions, souvent au bord de l’eau. Cette plante, qui appartient à la famille des Rosacées est également connue sous différente appellation dont l’ulmaire, vignette, herbe aux abeilles, grande potentille, barbe de chèvre, ornière ou pied de bouc. On la rencontre en Europe et en Asie. Sa tige dressée, rougeâtre, porte des feuilles divisées en folioles dentées d’un vert vif sur le dessus, blanc cendré en dessous, avec une foliole terminale beaucoup plus grande, profondément divisée en trois lobes aigus. Les fleurs blanc crème, délicieusement parfumées, sont disposées en grappes composées irrégulières s’évasant vers le haut. Les fruits sont de petites boules vertes spiralées, particulièrement odorantes au froissement.
L’usage de l'ulmaire remonte de la Renaissance. Le Flamand Dodeons, dans sa Pratique Médicale des simples, où il passe en revue la plupart des plantes alors connues, cite la reine-des-prés comme remède de la dysenterie. Efficace, en effet, contre cette maladie et les diarrhées, elle l’est aussi dans l’inflammation de l’estomac, certaines affections cardiaques, les vieux catarrhes rebelles, l’insomnie, les vers intestinaux. Mais l’antique « théorie des signatures » assignait à la grande potentille d’autres vertus : puisque la plante poussait dans l’eau, elle devait soigner les maux attrapés en restant trop longtemps dans un lieu humide. Cette tradition incita les chimistes du XIXe siècle à étudier la composition de la reine-des-prés et de plusieurs plantes douées de propriétés similaires. Ainsi, on isola en 1829 la salicine de l’écorce du saule, souveraine contre les fièvres. En 1844, on découvrit du salicylate de méthyle dans la gaulthérie, une cousine américaine de la myrtille, très odorante. La reine-des-prés lui doit également son odeur caractéristique. À partir de l’acide salicylique, substance active, mais agressive pour l’estomac, Félix Hoffmann élabora en 1897 l’acide acétylsalicylique, moins caustique. Les laboratoires pharmaceutiques Bayer le commercialisèrent, avec le succès que l’on sait, sous le nom d’ « aspirine », « spirée » étant l’ancien nom de la reine-des-prés, inspiré de la forme spiralée des fruits.
La reine-des-prés renferme des tanins, des hétérosides flavoniques, dont le spiréoside, le rutoside et l’hypéroside, et des hétérosides d’acides-phénols donnant une huile essentielle riche en salicylate de méthyle et en aldéhyde salicylique.
La reine-des-prés possède des vertus anti-inflammatoire et antirhumatismal. Utilisées jadis contre l’œdème généralisé, on découvrit ensuite qu’elle était un remède quasi miraculeux des douleurs des jointures. Les fleurs de reine-des-prés fraîches (ou séchées depuis moins d’un an) ont d’indéniables propriétés diurétiques. Elles éliminent puissamment l’acide urique. Antispasmodique et sédatives des douleurs urinaires, elles sont aussi recommandées contre la goutte, la cellulite, l’artériosclérose, toutes ces maladies dues à une surcharge de l’organisme en produits de déchet.
La reine-des-prés ou ulmaire réduit l’acidité gastrique et contribuerait à baisser le niveau d’acidité de l’ensemble de l’organisme, ce qui soulagerait les problèmes articulaires.
Contrairement à l’aspirine, qui peut provoquer des ulcérations gastriques, la reine-des-prés protège les muqueuses de l’estomac et de l’intestin grâce à la combinaison de ses divers principes actifs. En outre, elle ne fluidifie pas le sang.
La richesse en tanin des feuilles de l’ulmaire les rend efficaces contre les diarrhées.
Utilisation interne :
- Infusion : Prendre 50 g de fleurs par litre d’eau bouillante (fleurs fraîches ou séchées, mais depuis moins d’un an). Laisser infuser 7 à 10 minutes et prendre 3 ou 4 tasses par jour.
- Alcoolature : Laisser 12 heures en contact 50 g de fleurs fraîches et 50 g d’alcool à 40 % vol. Filtrer et prendre 1 ou 2 cuillerées à café par jour. Elle permet de suivre le traitement toute l’année.
- Sirop : Il se prépare avec une infusion concentrée de 100 g de fleurs par litre d’eau bouillante, qu’on laisse 12 heures en contact en récipient couvert. Passer à travers un linge et ajouter 1 500 g de sucre. Prendre 100 à 200 g par jour de ce sirop.
Utilisation externe :
L’infusion concentrée est excellente en compresses contre les plaies, les ulcères, les douleurs rhumatismales. Pour ces dernières, on peut aussi appliquer des cataplasmes chauds de fleurs infusées.
Il ne faut jamais faire bouillir la plante, ce qui détruirait les salicylates.
La reine-des-prés est à proscrire en cas d’hypersensibilité aux salicylates.
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