Le romarin ou rose marine ou encensier ou romarin des troubadours est un arbrisseau touffu dépassant parfois 1 m de hauteur, appartenant à la famille des lamiacées. Il est commun dans les lieux arides du Midi, garrigue et maquis, souvent non loin du littoral. On la rencontre dans tout le bassin méditerranéen. Il est couramment cultivé comme plante condimentaire ou pour former des haies. Ses tiges ligneuses sont densément couvertes de feuilles linéaires et coriaces, opposées, assez semblables à des aiguilles de conifères. Les grandes fleurs bleu pâle à deux lèvres bien marquées se groupent à l’aisselle des feuilles vers le sommet des rameaux. Toute la plante dégage une odeur aromatique rappelant à la fois le camphre et l’encens.
Le romarin, chère aux jardins médiévaux, a connu jadis une très grande vogue. La fameuse « eau de la reine de Hongrie », simple alcoolat de romarin, a joui d’une célébrité inouïe. La recette en fut donnée à Isabelle, reine de Hongrie, par un ermite aussi saint qu’inconnu. Véritable eau de jouvence, semble-t-il, cette eau la guérit des rhumatismes, goutte et autres infirmités dont elle était atteinte, « même elle s’en lavait le visage, ce qui la rendit plus belle », nous dit Mme Fouquer dans son Recueil des remèdes faciles et domestiques. Elle vécut jusqu’à 80 ans, après avoir retrouvé une seconde jeunesse.
L’eau miraculeuse guérit aussi un autre illustre malade, Louis XIV, « d’un rhumatisme qui lui occupait l’épaule et le bras ». Quant à la marquise de Sévigné, elle déclarait, avec l’emballement dont elle était coutumière : « Elle est divine, je m’en enivre tous les jours. C’est une folie comme le tabac. Je la trouve bonne contre la tristesse. J’en suis folle, c’est le soulagement de tous les chagrins ». Le romarin entrait dans beaucoup de remèdes les plus représentatifs de l’ancienne pharmacopée : le « baume Tranquille », le « baume Opodeldoh », l’alcoolat vulnéraire, le vin aromatique, le « vinaigre des quatre voleurs ».
Les sommités fleuries renferment une essence aromatique riche en camphre, en cinéole, en alpha-pinène, en bornéol et en camphène, mais que des flavonoïdes, des tanins, des diterpènes tricycliques, des triterpènes et des acides-phénols, dont l’acide rosmarinique.
Actuellement, on reconnait au romarin une action stimulante et tonique certaine, qui le fait recommander pour améliorer la circulation du sang, en particulier la circulation cérébrale, exciter la digestion de certains dyspeptiques, relever le tonus des surmenés et des convalescents. Son action stimulante sur la fonction biliaire et son effet tonifiant sur le foie sont réputés depuis longtemps. On l’utilise donc avec profit dans de nombreuses affections : congestion du foie et inflammation de la vésicule biliaire accompagnées de crises douloureuses ; paresse d’estomac ; surmenage physique et intellectuel, asthénie et abattement succédant à une maladie grave. Le romarin stimulerait les glandes surrénales. Il est précieux aussi contre le cortège des symptômes accompagnant ces diverses affections : migraines, vertiges, palpitations, oppression, insomnie, nervosité, troubles intestinaux.
Le romarin possède d’intéressantes propriétés antioxydantes dues à ses flavonoïdes et à ses diterpènes. Il permet de réduire l’action destructrice des radicaux libres. Il présente aussi un effet anti-inflammatoire, grâce en particulier à l’acide rosmarinique.
Pour l’usage externe, on l’utilise en bains fortifiants pour les enfants ou les convalescents, ou calmants contre les douleurs des rhumatismes. Dans ce dernier cas, on l’emploie également en lotion. Il entre dans des préparations destinées à apaiser les maux dentaires.
Il lui est resté aussi, malgré le sceptique de notre époque, un peu de son ancienne auréole de panacée de jeunesse et de beauté : il est toujours réputé pour entretenir la santé de la peau. On l’utilise dans des lotions capillaires destinées à favoriser la repousse ou l’entretien de la chevelure, en stimulant l’irrigation du cuir chevelu, et dans la formule des eaux de Cologne.
Utilisation interne :
- Infusion : 20 à 30 g de sommités fleuries par litre d’eau bouillante.
- Vin : Il est obtenu par macération, pendant 3 jours, de 30 à 60 g par litre de bon vin. Prendre 2 ou 3 petits verres à moutarde par jour.
Utilisation externe :
- Le vin de romarin peut servir en compresses contre les maux cutanés divers et spécialement contre les engorgements pâteux et indolents, les gonflements articulaires, les entorses et les chevilles enflées par la fatigue.
- Infusion concentrée : 50 à 60 g par litre d’eau. Utilisée en lotions ou en vaporisations, elle donne un teint frais, raffermit la peau et atténue les rides. Cette même infusion peut servir à bassiner les régions rhumatisantes douloureuses et, ajoutée à l’eau du bain en quantité convenable, donne des bains antirhumatismaux ou fortifiants et stimulants, destinés aux enfants et aux convalescents.
- Lotion capillaire : prendre 60 g de romarin, 60 g de racine de bardane et 60 g de racine d’ortie, et les faire macérer 15 jours dans un litre d’alcool (on peut aussi y mettre du buis et de la capucine). Frictionner chaque soir le cuir chevelu avec la lotion.
Par ailleurs, le romarin peut faire mieux que d’assaisonner les grillades. Ses feuilles et ses fleurs, fraîches ou séchées, apportent une autre dimension aux céréales et aux légumineuses, aux légumes et même aux desserts. On l’associe avec bonheur aux châtaignes. Les extraits de romarin sont utilisés comme antioxydants et conservateurs par l’industrie agroalimentaire.
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